En à peine
neuf ans, cet homme de 43 ans a écrit
les scénarios
d'une trentaine d'albums de BD majoritairement consacrés à la
Corse mais pas seulement. Diplômé d'Histoire,
il rédige quelques
articles et ouvrages sur le sujet. C'est à dire une
bonne centaine sans
exagération aucune, comme il est de règle sur
A TECHJA ! Citons,
au hasard, "La migration des ânes corses du Pumonte
vers le Cismonte au XII° siècle" ou encore " La
fabrication de l'eau de vie de Myrte sous l'Empire étrusque à Alalia".
Ces articles au fort potentiel historique et commercial, mais
surtout
historique, connaissent un succès certain auprès
des étudiants
cortenais ou corsoniçois
qui
arrêtent
les soirées
étudiantes pour les remplacer par des lectures publiques
des articles cités plus haut.
C'est à partir de 2 007 que Bertocchini
découvre dans le grenier de la maison familiale une vieille
malle couverte de toiles d'araignées. Il y retrouve
à l'intérieur la statuette de Tintin qu'on lui avait offerte
pour ses dix ans et qu'on lui avait retirée pour ses dix-huit
ans, histoire de lui faire comprendre que la Bande dessinée,
c'est pas sérieux et qu'il faut bosser à l'université. Il
réalise sur le champ qu'il s'agit là d'un signe du destin et
se met aussitôt à l'écriture des scénarios de " La vie de Pasquale
Paoli, de
" La vie de Sampiero Corsu" , de "La tragédie d'Aleria'",
de "Libera me" et de "la vie des poilus corses pendant la première
guerre mondiale". Bizarrement, il abandonne rapidement la biographie
de l'âne Filigo car il existe des lignées de plus de 100 000
ânes
ayant
ce patronyme.
Comme
il y a aussi dans la malle un vieux vynil des Doors et de Janis
Joplin, il se dit que, tant qu'à faire, il faut aussi
écrire les scénarios de leur vie. Comme ça, il pourra faire
taire les mauvaises langues qui n'hésiteraient pas le traiter
de Corse replié sur lui-même qui ne parle que de son île comme
tous
les Corses qui ne savent pas parler d'autre chose que de leur
île. Enfin, la malle aux trésors contient également un
exemplaire du "Horla" de Maupassant et "Colomba" de Prosper
Mérimée.
La caution littéraire est elle aussi bouclée tout en fourguant
discrètement un personnage corse sans rien dire à personne.
Au bout de trois mois, 2 semaines et cinq jours, Bertocchini
manque de finir à l'hôpital pour cause de Burn Out. Il décide
donc de se calmer et d'écrire les scénarios les uns après les
autres tranquillement entre deux parties de boules et un apéro
au comptoir tous les quinze jours. Son état s'améliore et il
en profite, sans demander conseil à son cardiologue, pour squatter
les locaux de la radio " Alta Frequenza " et y présenter
des émissions d'au minimum deux heures trente. A la pause pipi,
il s'empresse d'embrasser la statuette de Tintin qui trône
à côté de son ordinateur et de corriger au passage les planches
du dessinateur Rückstüh avec qui il travaille sur la plupart
des albums, mais il y en a d'autres. Citons Michel Espinosa, Marko,
Thierry Diette, Eric Puech et enfin, si nous n'en avons pas
oubliés mais on n'est sûrs de rien, Federzoni.
Aujourd'hui, il est possible de dire qu'il existe une Bande
dessinée corse et il est quasi certain que Frederic
Bertocchini
y est pour quelque chose. Qui d'autre ? La question est posée.
PS
: Il semblerait, d'après nos informateurs, que Bertocchini
soit à l'origine de
la naissance du Festival de
la BD d'Ajaccio en
2002. Quatorzième édition les 25, 26 et 27 novembre 2 016.
© A TECHJA !- 26/10/2 016
La
collèque de têtes de Maure

Couverture
Tome 2 de "Libera me
"
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