Début
juillet 99, la terrible nouvelle tombait… Les Corses ne passeraient
plus des heures devant leur kiosque ( ou bien plus souvent leur facteur
) à hésiter entre l’achat de Corse-Matin ou celui de La Corse ,
car ce dernier cesserait sa parution dès la mi juillet.
Pour consoler les lecteurs du défunt quotidien, Corse-Matin, dans
son infinie bonté, décida d’inclure dans son édition du vendredi un
supplément intitulé La Corse-votre hebdo . Sans oublier un autre
supplément de deux ou trois francs pour compenser l’augmentation du
nombre de pages. On n’a rien sans rien…
Entre temps, l’un des journalistes du quotidien disparu à six septièmes
ne l’entendit pas de cette façon. Joseph-Guy Poletti préféra monter
son propre journal pour des raisons que nous ne connaissons pas à
l’heure où ces lignes sont écrites, bien que l‘on puisse soupçonner
la farouche volonté de ne pas être le supplément du supplément du
vendredi. C’est ainsi que naquit Corsica . Pour se faire remarquer
encore un peu, le journaliste opta pour une parution mensuelle.
Si vous avez bien compté, vous constaterez que le titre de cet article
n’est pas usurpé et vous admettrez volontiers que les maths, en Corse,
ne se font pas comme ailleurs. Vous le saviez pour d’autres éléments
de la vie insulaire grâce au travail acharné des médias nationaux,
mais certainement pas pour celui-là. Merci, A TECHJA ! .
Mais de quoi peuvent bien parler tous ces journaux ? Pour faire bref,
nous dirons que:
- Corse-Matin traite en priorité de l’actualité de la Corse.
- La Corse-votre hebdo s’intéresse plutôt à l’actualité de l’Ile de
Beauté.
- Corsica – qui n’arrête pas de se distinguer - puise son inspiration
dans tout ce qui touche à l’actua- lité de « Cyrnea » plus connue
sous le nom de Corsica ».
Les internautes-lecteurs ayant tenu jusque là penseront avec effroi
qu’il existe encore une bonne dizaine d’appellations pour la Corse
et auraient tout à fait raison de se demander si une bonne dizaine
de nouvelles publications pourraient voir le jour d’ici la véritable
arrivée du troisième millénaire. Rassurons les, rien n’est prévu pour
l’instant et revenons plutôt aux publications existantes afin de les
comparer, de montrer qu’elles ne se ressemblent pas tant que ça et
que plus on est de fous, plus on rit.
Corse-Matin est le journal local incontournable –et ce n’est pas du
20° degré- de la Corse. On y trouve toutes les informations nécessaires
au bon démarrage d‘une journée. Sa rubrique nécrologie est la première
lue par tout Corse qui se respecte ( Encore que ce ne soit guère exceptionnel,
on retrouve le même cas de figure aux quatre coins de France …). Les
horaires de « Trinichellu » sont retranscrits
sans bogue, le décompte des « tentats » politiques ou privés de la
veille est scrupuleusement respecté au centième près et la dernière
promotion du capitaine - qui n’en pouvait plus - de la gendarmerie
de Ponte à Leccia est brillamment racontée par le délégué « People »
du journal. S’il reste un peu de temps, l’insulaire aura aussi la
possibilité de consulter les pages nationales pour vérifier que la
poste de la rue Duc du 18° arrondissement de Paris n’a pas subi un
« tentat » non revendiqué, ce qui est
ennuyeux car il va falloir attendre deux jours pour savoir si ce ne
sont pas des Bretons qui ont fait le coup. Pour finir, en cas d’insomnie,
M. Antomarchini pourra consulter l’actualité internationale et féliciter
« i Tchetcheni chi quèlli, un si lasciànu micha
fà!! ».
La Corse-votre hebdo est à lire de toute urgence pour oublier ce que
l’on voit ou entend dans les médias nationaux. Non pas que le magazine
fasse l’impasse sur les problèmes de l’île et joue les innocents –
tous les éditoriaux de Jean-René LAPLAYNE y sont consacrés– mais plutôt
parce qu’il s’est fixé le but de montrer l’autre image de la Corse.
On y parle de culture, on y interviewe les élus politiques et on s’aperçoit
qu’ils ont une âme et savent parler, c’est à dire exactement l’effet
inverse des portraits des journaux nationaux. On y parle beaucoup
des Corses de l’étranger, des artistes locaux, des amis de la Corse,
de l’histoire de l’île, des sites internet, et des enquêtes telles
que « Les femmes corses » ou « La drogue en Corse » etc… Ce magazine
est un régal et une aire de repos sur laquelle il fait bon s’arrêter
une heure chaque week-end.
Corsica, qui n’en est qu’à son numéro trois est tiré sur papier glacé
et couleur quadrichromie. C’est un journal sérieux qui lorgne du côté
de L’EXPRESS ou LE POINT. On y parlait dans le n° 2 des transports
insulaires, du tourisme, de la religion, du bug, des festivals, des
sorciers et, pas inintéressant, des Catalans, des Sardes et des Baléares.
Le numéro trois, tout frais propose un sondage très instructif « Les
Corses et la France ».Si Corsica trouve son rythme de croisière et
son lectorat – et si on le trouve facilement sur le continent – il
ne tardera pas à devenir indispensable. Longue vie à tous les trois
et plus particulièrement aux deux derniers car le premier n’a pas
de soucis à se faire et on aimerait que les autres continuent à paraître.