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A
l’heure où les MUVRINI poussent la chansonnette **
en duo avec STING et s’offrent le gratin des musiciens de studio dans
leur dernier album « LEIA », pourquoi ne s’offrirait-on pas pour 110 francs
un voyage dans le temps d’un siècle ?
Augustin de Croze ( mais d’où sort-il, celui-là ? ) effectuait alors son service militaire dans l’Ile de Beauté. Il devait avoir pas mal de temps libre et revint à Paris les valises pleines de figatelli, de lonzi et de chansons, sans oublier un livre consacré à « La chanson populaire corse ». Qui a dit que l’on ne faisait rien à l’armée ? Au même moment, un jeune musicien de vingt ans nommé Maurice Ravel venait de terminer ses études au Conservatoire de Paris et se demandait ce qu’il pourrait bien faire pour tuer le temps en attendant de composer son fameux Boléro. A-t-il rencontré De Croze au restaurant « La main d’or »situé pas loin du quartier de La Bastille ? C’est peu probable. Toujours est-il qu’il fut engagé pour orchestrer les chansons traditionnelles dont les livrets encombraient le vestibule de la studette du jeune Augustin de Croze. Le résultat est là, enregistré et gravé par ces gens de la CASA MUSICALE de Pigna, village pittoresque et très dynamique de Balagne. A la première écoute, on sera tenté de sourire ( surtout les gens à qui l’on fera écouter avec fierté la trouvaille du mois ). On est vraiment dans le traditionnel le plus pur, frisant parfois la chanson pour touristes. Ces orchestrations étaient-elles bien nécessaires, sachant que les chants corses se suffisent à eux-mêmes, sans tambours ni trompettes. Et puis voilà que le charme opère. Les interprètes sont bons ( mais comment la Corse fait-elle pour pondre autant de chanteurs ? ), les berceuses sont magnifiques et ne nous endorment pas, les complaintes ne sont pas à plaindre et l’on a droit pour le même prix à une sérénade ( élue de votre cœur non fournie ). Alors, ma foi, on ne regrettera pas son acquisition, on se fiera aux notes du livret pour évaluer la performance du débutant Ravel et l’on remerciera l’hebdomadaire TELERAMA de nous avoir fait découvrir une perle corse de plus. ** Que les MUVRINI ne considèrent pas la formule comme péjorative. Leur disque est magnifique et leur succés est amplement mérité. Je me souviendrai toujours d’un bal à Canavaggia en 1979 où ils n’étaient que trois avec des guitares sèches. |
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Maurice
Ravel – Orchestrations inédites – 1896 Editions CASA et ALBIANA – collection Carta – CDAL 007 |